RAPPORT DU MARCHE DE LA VANILLE NO. 48 – MARS 2016

 

 

Pendant la courte période de 5 mois depuis notre dernier communiqué,  le marché global de la vanille est tombé en mode « crise », pas dissemblable de  la saison 2002/2003.  C’était l’année avant que les prix pour les gousses de vanille de type extraction dépassent 500.00 USD / kg.  Au moment ou les derniers lots de la saison 2015 de Madagascar arrivent sur le marché, on constate que les prix ont presque triplé en un an.  Les acheteurs non couverts pour 2016 se retrouvent à la merci du marché.  Toutefois, ce paysage peut changer considérablement en 2016 étant donné que la production de la vanille augmentera considérablement dans les régions en croissance.

 

L’emprise toujours redoutable de Madagascar sur le marché diminue au fur et à mesure que les nouvelles plantations de vanille portent leurs fruits. Cela deviendra encore plus apparent en 2016 et possiblement plus flagrant en 2017. Entre-temps le marché actuel est pratiquement vide en approvisionnement car la récolte de Madagascar en 2015 a connu une pénurie tant au niveau de la qualité que la quantité.  Sans l’approvisionnement en provenance de l’Indonésie, Papouasie Nouvelle Guinée, l’Inde et dans une moindre mesure l’Ouganda, le marché serait dans une situation encore plus précaire.  Malgré les théories de conspiration qui émergent, nous ne voyons rien d’autres que les lois de l’offre et de la demande affectant le marché actuel en ce qui a trait au prix.  La qualité est une histoire complètement différente.

D’abord, un bref aperçu sur les régions en croissance…..

 

Ouganda

 

La vanille ougandaise fut une grosse déception en 2015 à cause de la mauvaise qualité et des rendements à la baisse.  Le pronostic pour 2016 n’est pas meilleur en termes de volume, nous estimons autour de 100-125tm pour les deux récoltes. La qualité dépendra du temps requis pour la récolte et le mûrissement et nous ne sommes pas optimistes.  Il n’y a aucune structure dans le marché de la vanille ougandaise et la qualité varie avec chaque exportateur.  Selon notre opinion l’Ouganda n’a pas réagi assez rapidement au revirement du marché de la vanille au cours des 3 dernières années.  Il reste à voir si ce pays producteur de vanille deviendra un jour un producteur d’impact dans le marché mondial de la vanille.  À moins d’un effort plus structuré sur le terrain afin de supporter le marché de la vanille, nous nous attendons que l’Inde dépasse bientôt l’Ouganda en devenant le 3ième producteur de vanille mondial après l’Indonésie et Madagascar.

 

L’Inde

 

Le marché indien est encore un « travail en cours » avec une production  locale réelle minime…..nettement inférieure à 100tm.  Cependant ces nombres seront faussés par le marché en cours de vanille de Madagascar semi-séchée qui est exportée en Inde pour le processus de finalisation de séchage et mûrissement.  Cette pratique se poursuit depuis plusieurs années un peu partout dans la région de vanille de Madagascar et nous croyons que cela encourage l’emballage sous vide de gousses de vanille verte légèrement séchées.  À notre avis l’Inde est en train d’acquérir de l’expertise dans le séchage et mûrissement de la vanille aux dépens de Madagascar en attendant que leurs vignes de vanille cultivées domestiquement commencent à produire sérieusement et plus rapidement.  On peut s’attendre à cela en 2017.  Bien que l’Inde n’apportera pas une contribution significative à la production de vanille mondiale en 2016, il continueront d’exercer une influence à travers leurs activités à Madagascar et leur quête de partenariats à l’avance de la production accrue prévue.  Si leur programme de vanille est bien exécuté et maintenu, l’Inde pourrait rapidement devenir une force dans le commerce de la vanille.

 

 

Indonésie

 

L’Indonésie nous a agréablement surpris en 2015.  Plus de 300tm ont été importés aux États-Unis et nous devons assumer que d’autres tonnages se sont rendus en Europe et en Chine.  C’est sensiblement plus de vanille que projeté lors de notre dernier rapport. On entend souvent dire qu’une grande portion de cela était du vieux stock mis de côté dans le temps de l’effondrement des prix en 2004 – 2005 mais nous sommes très sceptiques que ce soit la seule cause de l’augmentation.  Les prix de la vanille augmentent depuis 3 ans maintenant et l’Indonésie, tout comme d’autres sources, en ont pris note.  C’est très difficile de projeter la production de l’Indonésie en 2016.  Un autre facteur qui fausse les chiffres est l’exportation de la vanille PNG à partir de l’Indonésie qui a augmenté au cours de la dernière année.  Néanmoins, nous prévoyons que l’Indonésie deviendra un producteur significatif de vanille en 2016 contribuant plusieurs centaines de tonnes métriques.

 

Papouasie Nouvelle Guinée

 

Bien que la Papouasie Nouvelle Guinée ne soit pas un producteur majeur de gousses de vanille  de type extraction on ne peut ignorer leur impact sur le commerce de la vanille.  Quoique la production n’ait probablement pas excédé 100tm en 2015 nous nous attendons qu’elle dépasse ces niveaux en 2016.  La vanille de Papouasie Nouvelle Guinée a eu un impact  important dans les services alimentaires et le commerce de détail  durant la dernière crise de 2002 – 2004 et encore une fois on voit cette qualité effectuer des percées majeures dans le commerce tant en Europe qu’en Amérique du Nord.  Avec son arôme unique et son profil odorant, la vanille de Papouasie Nouvelle Guinée (PNG) a repris la part du marché gastronomique (gousses de vanille noires) de Madagascar et continuera de le faire en 2016.  La demande pour la vanille de type extraction de Papouasie Nouvelle Guinée est encore très limitée en raison de l’incertitude d’approvisionnement à long terme.

 

 

 

 

 

Autres pays producteur de vanille

 

Le Mexique, la Polynésie Française, les Comores et le Tonga continueront de produire une quantité limitée de vanille en 2016 mais nous doutons que les 4 régions combinées produisent 100tm.

 

Madagascar

 

Nous estimons que Madagascar a produit à quelque part entre 1300 et 1500tm de vanille, pour la plupart,  de qualité inférieure en 2015.  Les exportateurs  impliqués du début dans la transformation (séchage et mûrissement) de la vanille verte avait un meilleur contrôle de la qualité, ayant pour résultats d’avoir quelques lots raisonnables, toutefois, pour la plupart la récolte était une immense déception particulièrement en tenant compte des prix.  La cueillette prématurée ainsi que la pratique d’emballage sous vide de vanille insuffisamment séchée et mûrie dans le but de vendre à une date ultérieure, étaient les 2 plus grandes causes de la mauvaise récolte.  C’est devenu beaucoup trop prévisible à Madagascar.  Quand un kilo de gousses de vanille verte se vend en moyenne  pour à peu près le salaire d’une semaine durant la dernière saison  et possiblement pour le double cette année, la tentation de voler dans un des pays les plus pauvres au monde, est tout simplement trop grande.  Plutôt que d’aller à l’encontre de cette pratique et d’essayer d’attendre que la vanille soit plus mature, les gousses sont récoltés prématurément, séchées au soleil pour une couple de journées et emballées sous vide pour être vendues à une date ultérieure.  Ce procédé garantit de la vanille instable et de qualité inférieure qui en fait représente en grande partie la récolte de 2015.  Avec une aussi forte demande éventuellement même la vanille “morte”, ce qui ressort des produits emballés sous vide  plusieurs mois plus tard, arrive sur le marché et est vendu.

 

Les exportateurs qui mûrissent la vanille verte peuvent contrôler le problème en partie  mais ne peuvent éviter une récolte immature.  Il est projeté que la récolte de 2016 à Madagascar sera modérément abondante avec des estimations allant de 2000 – 2400tm par contre beaucoup dépendra de la maturité de la récolte.  Il y a déjà des reportages décourageants de cueillettes prématurées dans la région de « Nosy Be » dans le Nord.  La plupart des professionnels de la vanille sont d’accord que le seul changement qui pourrait avoir un impact dramatique et bénéfique sur le marché de la vanille de Madagascar serait d’imposer des dates pour la cueillette des gousses de vanille verte.

 

Une coalition d’exportateurs de vanille et de représentants du gouvernement, avec la bénédiction du Ministre du commerce ont récemment formé une plate-forme de la vanille afin de relever les défis auxquels le marché de la vanille de Madagascar sont confrontés.  Des enjeux critiques tels que la récolte prématurée, l’emballage sous vide de vanille partiellement séchée et mûrie, séchage et mûrissement rapide en utilisant des fours et l’extraction de gousses de vanille verte sur place à Madagascar sont adressés.  En surface c’est un développement très positif.  En fait à la conclusion de l’une de nos premières réunions au début mars à Antananarivo, un décret a été publié interdisant le commerce de vanille verte dans la région de la Sava et prohibant virtuellement la pratique de l’emballage sous vide de la vanille.  Des sanctions sévères incluant la destruction immédiate de toute vanille verte saisie ont été citées.  Bien que cela peut-être interprété comme étant un développement très positif, comment ces règlements seront mis en application dans une région aussi grande et isolée que la Sava, cela reste à voir.  Cette semaine des exportateurs ont avisé la plate-forme de la vanille que certains commerçants de l’Inde sont actuellement dans la région de la vanille en train d’acheter de la vanille immature emballée sous vide provenant de la récolte de 2016 pour exporter en Inde pour continuer le processus de finition et de mûrissement.  Cela pourrait être un test critique afin d’évaluer si la plate-forme de la vanille possède actuellement l’autorité pour faire exécuter leur décret et tout le monde suit le déroulement de prêt.  La prochaine réunion critique est prévue pour le début de mai dans la région de la Sava impliquant tous les exportateurs de vanille  significatifs.  Par contre, à notre avis pour sauver  la qualité de la récolte de 2016, des mesures doivent être prises immédiatement.

 

Conclusion

En tant qu’acheteur de vanille, au cours des trois dernières saisons, naviguer le marché a été une tâche particulièrement ardue.  Pourtant ce sont les acheteurs eux-mêmes qui détermineront la direction du marché en 2016 et dans le futur.  Une approche disciplinée est essentielle mais pour les entreprises dont les activités principales exigent un approvisionnement constant de gousses de vanille naturelles, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire.  À l’approche de la saison des gousses de vanille verte à Madagascar, les acheteurs subiront une forte pression de participer plus tôt afin de garantir un approvisionnement suffisant.  Habituellement cela signifie avancer le capital aussi tôt que mai ou juin aux exportateurs qui détestent utiliser leurs propres fonds avec une exposition à la baisse aussi importante.  À tout le moins, ils veulent atténuer leurs risques ce qui est complètement compréhensible.  Les entreprises de vanille aromatisée qui n’ont pas été à la hauteur la saison dernière seront particulièrement vulnérables avec cette approche.  À notre avis toute campagne de financement externe pour la gousse de vanille verte ne fera qu’augmenter la sévérité de l’effondrement des prix quand viendra le temps et nous croyons que cela pourrait être avant la fin de l’année ou au début 2017.

 

Cette crise est très différente de celle de 2001- 2004.  À cette époque la taille des récoltes était de la moitié ou encore moins de ce qu’elle est aujourd’hui.  Avec une abondante récolte qui arrive sur le marché, le financement des gousses de vanille vertes n’apporterait aucun avantage ni en termes de prix ou de disponibilité.  Il y a plusieurs exemples lors de récoltes précédentes quand les acheteurs hâtifs de gousses vertes ont artificiellement gonflé le marché pour le voir s’effondrer durant le gros de la saison de vanille (Août – Oct.) quand l’approvisionnement a dépassé le capital disponible.  Nous croyons que le marché s’amorce encore une fois pour une telle occurrence s’il y a un financement agressif de la campagne verte.

 

Une autre importante différence est le marché de la vanille aromatisée qui s’est diversifiée par nécessité en grande partie à cause de la dernière crise.  À part les arômes synthétiques habituelles de vanille sur le marché il y également une variété d’arômes naturels de vanille et des composés qui ne proviennent pas de gousses de vanille qui offre aux utilisateurs d’extraits de vanille des options qui n’existaient pas il y a 15 ans.  Il est devenu évident pour quiconque au sein de l’industrie que les lois conçues pour réduire ou contrôler l’usage de ce genre de produit aromatisé sont dépassées et virtuellement inapplicables.  Quoique ces produits ne soient pas idéaux  pour toutes applications ils peuvent certainement aider une petite ou moyenne entreprise à traverser la tempête des prix et de la qualité irrationnels de la vanille en risquant peu en termes de sanctions et de pénalités.

 

L’apparition récente d’une plate-forme au niveau local impliquant à la fois le gouvernement et les représentants de l’industrie de la vanille constitue un développement très encourageant à notre avis.  Le Ministre du commerce actuel, M.Henri Rabesala supporte l’initiative avec enthousiasme et il y a déjà des rapports nous avisant de la destruction de petits lots de gousses de vanille vertes cueillies prématurément dans le but de dissuader les autres.  Il s’agit de la première initiative que nous voyons depuis que le système de quota a été éliminé il y a presque 25 ans.  Nous estimons que toutes solutions aux problèmes qui affligent l’industrie de la vanille de Madagascar devront être originaires du pays même.  Le problème concernant la qualité doit être adressé premièrement et avant tout sinon la valeur de la marque de la vanille de Madagascar sera grandement amoindrie.  Le marché décidera quel prix est équitable pour la vanille de Madagascar tout comme pour les autres produits de base.  C’est trop facile de blâmer les suspects habituels (spéculateurs, exportateurs sans scrupules, blanchisseurs de capitaux, etc.).  Le simple fait est que les gousses de vanille demeurent un ingrédient critique pour l’industrie d’arômes et de parfums et à un moindre degré les services alimentaires et le commerce de détail.  Lors de pénurie d’approvisionnement les prix augmentent.  L’orientation des prix à court terme dépendra de la position que prendront les acheteurs industriels dans les mois à venir.

 

Nous ferions les mêmes recommandations que dans notre rapport précédent en octobre 2015, sauf que nous ajouterions d’éviter à tout prix la participation au financement de la campagne verte de mai-août.

 

Malheureusement le problème de la viabilité est souvent ignoré quand les prix augmentent dramatiquement et que la disponibilité de la vanille est insuffisante.  Après tout les fermiers qui produisent la vanille, contraire aux mythes toujours perpétués dans l’industrie aujourd’hui, sont les principaux bénéficiaires de l’augmentation de prix de la vanille.  C’est la réalité  d’un marché de la vanille ouvert et libre.

 

La viabilité ou le comportement éthique et de responsabilité sociale pour Aust & Hachmann (Canada) s’étend au-delà de la vanille elle-même jusqu’aux centaines de petites communautés de la Sava ou les fermiers qui produisent la vanille, les travailleurs dans l’industrie de la vanille et leurs familles vivent.  Pour plus de 15 ans nous avons été supportés et avons parrainé un bon nombre de projets sur le terrain de la Sava.  Nous n’avons jamais relié notre support à notre programme d’approvisionnement de la vanille.  Nous vous encourageons de visiter notre site web   http://www.austhachcanada.com/about-2/ non seulement pour voir nos accomplissements à date mais aussi pour voir comment vous pouvez nous aider.

 

 

Aust & Hachmann (Canada) Ltd